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Histoire d’un substitut fait partie de la série Système d’attachement. En psychanalyse, l’objet de substitution est le remplaçant de la mère. Pour un enfant, un animal en peluche ou un jouet sert d’objet de substitution qui le réconforte en l’absence de sa mère ou de la personne qui s’occupe de lui.
J’ai réalisé que l’un des aspects clés de la relation mère/enfant, soignant/enfant est la dynamique de l’absence et de la présence.
Story of a Substitute raconte comment nous apprenons à aimer et à nous détacher de l’amour, comment nous apprenons à aimer à nouveau, à accepter l’absence, ainsi que la perte et la mort. Grâce à l’amour et aux soins, nous apprenons également à survivre à la perte de l’amour, ce qui est l’histoire de notre vie en tant qu’êtres humains. Ce n’est que par l’attachement que nous apprenons à nous détacher. Voir : système d’attachement vs. système d’exploration dans le développement de l’enfant humain.
La sculpture a un trou en son centre, là où devrait se trouver le ventre de la mère. Il y a une absence, une partie manquante, que je voulais voir comme un élément central de l’œuvre.
La tête de la sculpture ressemble à un œuf à la coque dont la coquille est fêlée. En s’occupant d’un enfant et en assistant à son développement, la mère revient à un stade précoce de sa propre enfance. Les fissures indiquent une forme de destruction et de crise d’identité.
L’enfant est gravé dans le bras de la mère. Ce travail traite également de l’absence d’enfants. Que nous ayons ou non un enfant, il y a toujours un enfant en nous. Autant le substitut indique l’absence de la mère, autant il représente la mère. L’enfant n’est pas vraiment un enfant, mais plutôt l’idée d’un enfant, ce que nous pourrions appeler un « enfant rêvé », ou un enfant intérieur - un enfant qui existe dans l’esprit. La mère et l’enfant sont plus que des rôles familiaux hiérarchiques ; ils font partie de ce que nous sommes dans nos relations d’amour et d’attention - d’une certaine manière, cette sculpture parle de l’amour, de ce que l’on perd et de ce que l’on devient au cours du processus. Toujours en devenir. La mère et l’enfant sont des tropes mentaux plus que des statuts physiques et des lignées.
Nous sommes toujours enceintes d’idées, nous sommes maternées par des histoires, des récits, et notre enfant intérieur reste avec nous pour toujours.
Paul B. Preciado “Un Appartement sur Uranus”
« C’est un mensonge de dire que nous n’avons qu’une mère. Le corps social nous accueille avec beaucoup de bras, sans quoi nous ne pourrions survivre. Chaque enfant bourgeois a une autre mère invisible, chaque enfant de la bourgeoisie catalane a une autre mère cachée, galicienne, andalouse, Philippine ou sénégalaise, de la même façon que chaque enfant blanc élevé aux Etats-Unis à l’époque de la ségrégation a une autre mère noire, dans l’ombre. La fiction de la stabilité de l’identité raciale ou nationale ne peut se construire qu’a condition d’éliminer cette filiation bâtarde et métisse.
L’heure est venue de décoloniser nos mères, d’honorer les liens multiples et hétérogènes qui nous ont construits et qui nous maintiennent vivants. »
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« Dans l’Œdipe noir, des nourrices et des mère, l’anthropologue argentine Rita Laura Segato étudie non seulement les relations politiques et psychologiques qui s’établissent entre un fille et sa mère, mais aussi entre la nourrice et le bébé dont elle s’occupe, et les liens qu’entretient l’enfant qui grandit avec sa mère et sa nourrice. »
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L’invention de la figure sociale de la mère biologique-domestique a partit du XIXe siècle et la définition du lien maternel comme unique lien légitimement constitutive nous a obliges a gommer l’important d’autres relations.