Daniel Buren a consacré l’essentiel de sa carrière à examiner l’essence de la peinture puis les différents contextes dans lesquels les œuvres sont exposées. Sa recherche du niveau zéro de la peinture, commencée dans les années 1960, se poursuit fin 1966/67 avec l’association Buren, Mosset, Parmentier, Toroni, dont le but était de réagir contre le mythe de «l’ins- piration subjective» dans l’art, et tout particulièrement l’école de Paris. Pour Buren, cette stratégie de « déqualification » se traduit par l’utilisation systématique de tissus de fabrication industrielle, couverts de rayures alternées blanches et de couleur, larges de 8,7 centimètres. Ce motif devient l’élément stable de ses travaux ultérieurs, qu’il utilise comme un outil visuel attirant l’attention sur le rôle joué par les galeries et les musées ainsi que par l’architecture, dans la création du statut et de la valeur artistiques. Ses travaux in situ ou situés couvrent murs de musées, socles, escaliers et portes jusqu’à atteindre le tissu urbain, projetés à travers les fenêtres d’une galerie d’art et suspendus dans la rue, collés sur des panneaux d’affichage de stations de métro parisiennes ou portés par des hommes-sandwichs. Les œuvres de Buren prennent le pouvoir, recadrent les institutions artistiques elles-mêmes et posent la question de savoir si l’art cesse d’être authentique quand on le place dans le contexte de la vie quotidienne. Par-delà la critique institutionnelle dont il se fait le chantre, Buren vise aussi à produire un plaisir visuel indéniable. Et le fait est qu’avec ses drapeaux, panneaux colorés, miroirs comme avec la multiplication des formes et des supports, Buren compose un déploiement de couleur qui amène le spectateur un peu plus près de la quintessence de l’art.


Daniel Buren, has devoted most of his career to questioning the essence of painting as well as, later on, the different contexts in which works are exhibited. His quest for the level zero of painting, which started in the 1960s, contin- ued late 1967/68 with the Buren-Mosset-Parmentier- Toroni association, whose aim was to react against the myth of ‘subjective inspiration’ in art, and the school of Paris in particular. For Buren, this ‘deskill- ing strategy’ translates into the systematic use of industrially made fabrics, covered with 8.7cm-wide coloured and white stripes. The alternating stripes become the stable element in his subsequent works – which he uses as a visual tool that brings to light the role played by galleries and museums, as well as by their architecture, in the creation of art status and value. His in situ or situated works cover museum walls, pedestals, staircases, and doors. They reach out into the urban fabric, projecting through the win- dow of a commercial gallery space or hanging on a street, are pasted onto billboards in Paris metro stations or displayed by sandwich-men. Rather than being framed, Buren’s works take over, reframe the art institutions themselves and ask if art ceases to be genuine when placed in the context of everyday life. Beyond the institutional critique he champions, Buren also aims at engineering an undeniable visual pleasure. And the fact of the matter is that through his flags, coloured panels and mirrors, as well as the multiplication of shapes and underpinning surfaces, Buren composes a deployment of colour which brings the viewer closer to the quintessence of art.