Peu importe à quoi ressemblent les figures semi-abstraites de Cameron Jamie, elles véhiculent toutes une sorte de présence surnaturelle venue d'un autre monde. C'est le cas pour tous les médiums  que l’artiste utilise : des sculptures en céramique et en bois, aux dessins, gravures, photographies, vidéos, en passant par les livres d’artiste et les productions musicales. Ses dessins et ses monotypes constituent cependant le socle de son œuvre, qui n’a cessé de se développer ces 25 dernières années, en un langage vernaculaire très spécifique.

Au cœur de l’œuvre de l’artiste américain, se trouve la notion d'identité envisagée comme essence de l’existence humaine. À maintes reprises, Cameron Jamie a exploré les réalités marginales et les rituels mystérieux qui dévoilent des aspects cachés de la société. Cameron Jamie décide ainsi de s’immerger dans des sous-cultures qui, partiellement, le façonnent. Ceci lui confère une positon particlulière. La transformation artistique de ces mondes n’est cependant jamais  préméditée, le processus de Cameron Jamie étant hautement spontané et intime. Il en résulte une œuvre profondément personnelle qui diffuse en même temps une atmosphère magique et primitive. L’œuvre s'attache à comprendre les conditions de l’être et de la conscience plutôt que de contextes sémantiques concrets. 

Cette approche se retrouve notamment dans ses dessins. Il y a quelque chose de primaire – voire de primal – pour Cameron Jamie dans l’acte de dessiner, de façon libre et immédiate, qui rappelle les premières manifestations pré-linguales de l’humanité : ces signes qui portent la trace d’expressions et de messages profonds. L'origine des sujets abstraits, figuratifs et floraux qu'évoquent ces formes mélangées reste encore  indéterminée. Ceci confère au travail de Cameron Jamie une sublime énergie, à la fois unique et intemporelle.

Les croquis automatiques de Cameron Jamie émergent souvent du papier par un processus de superposition d'encres noires, de pastels, de crayon de couleur et de lavis d'aquarelle. Il expérimente constamment de nouvelles méthodes et processus d’impression comme le monotype. Chacun de ses monotypes est unique et est issu de juxtapositions inédites de couleurs et de traits à travers lesquels on perçoit les étapes du procédé – une caractéristique du processus de création de l'artiste. Le cycle alchimique de construction et déconstruction, d'effacement, d'écrasement, de destruction et de réimplantation est constitutif du travail de Cameron Jamie.

© Gesine Borcherdt, écrit à l’occasion de l’occasion de l’exposition « Dessins et Monotypes » à CAPRI, 201