Nina Jayasuriya
අයිස් ක්රීම් [ayis krim], 2024
Œuvre d’art
Nina Jayasuriya
අයිස් ක්රීම් [ayis krim], 2024
Cuir tatoué, grès émaillé, encens, bois et métal / Tattooed leather, enameled stoneware, incense, wood and metal
106 x 46 x 34 cm 41 3/4 x 18 1/8 x 13 3/8 in.

L’oeuvre අයිස් ක්රීම් [ayis krim] se compose d’un tabouret isolé, recouvert de cuir, tatoué par l’artiste, sur lequel repose un bac de glace rempli d’encens. Des tiges d’encens, allumées pendant le vernissage, ne demeure que des amas de cendres, reliques éphémères du rituel passé. Cette pièce rappelle l’installation sapattu (2023) dans laquelle Nina Jayasuriya avait placé au sol, comme au seuil d’un temple hindou, des chaussures modelées en grès émaillé. Par cette action, elle introduit une dimension sacrale et multisensorielle à l’espace d’exposition, et l’appréhende ainsi en fonction de nos mouvements et de l’usage que l’on en fait.


Le siège préfabriqué est ici enrobé d’une peau de vache, comme un vêtement protecteur sur lequel des écrits cinghalais rencontrent des divinités vénérées. L’épiderme de l’animal, une fois traité et manufacturé, s’imbibe de l’encre des calligraphies tatouées par l’artiste, comme autant de marqueurs temporels ou d’insignes personnelles. L’écriture sur le corps participe autant à son esthétisation qu’il appartient au vocabulaire du soin (care). Les bâtons d’encens plantés dans la céramique, rappellent à la fois l’aiguille du tatoueur et celles de l’acupuncteur, venant piquer la peau pour se la réapproprier, pour (re)prendre possession — aussi bien dans le fond que dans la forme, en profondeur qu’en surface — des corps et des objets qui sont nôtres. L’autel de Nina Jayasuriya réinjecte ainsi une dimension sacrée à l’animal, tantôt adulé, tantôt réduit à un banal objet.



The work අයිස් ක්රීම් [ayis krim] is made up of a stool covered in leather, tattooed by the artist, a tub of ice-cream filled with incense resting on it. Piles of ash remain from the incense sticks that were lit during the opening, standing as the ephemeral relics of a past ritual. This work is reminiscent of the installation sapattu (2023), in which Nina Jayasuriya placed glazed ceramic shoes on the floor, in reference to the entrance of a Hindu temple. With this action, she introduces a sacred, multisensory dimension to the exhibition space, apprehending it in relation to our movements and the use each of us make of it.


The prefabricated seat is wrapped in cow skin, a protective garment on which Sinhalese writings meet revered divinities. Once processed and manufactured, the animal’s epidermis becomes soaked with the tattoo ink calligraphed by the artist, like temporal markers or personal insignia. To write on a body is as much a means to anesthetize it as it is a form of self-care. The incense sticks planted in the ceramic tub are reminiscent of both needles used by tattoo artists and acupuncturists, pricking the skin to reappropriate it, to (re)claim possession —in content and in form, in depth and on the surface— over our bodies and the objects we possess. Nina Jayasuriya’s altar reinjects a sacred dimension into the animal, at times adored, and at others reduced to a banal object.