Georges Adéagbo
Ma personne de Georges Adéagbo
5 févr. - 19 mars 2025
Mennour, 6 rue du Pont de Lodi

Mennour présente la première exposition personnelle à de Georges Adéagbo chez Mennour, figure majeure de la scène artistique africaine. Prix spécial du Jury à la 48e Biennale de Venise en 1999, présenté dans les plus importantes manifestations artistiques telles la documenta11 en 2002 et la Triennale de Paris2 en 2012, ou encore la Biennale de Shanghai en 2016 , Georges Adéagbo trace une voie singulière en tissant un dialogue permanent entre le continent africain et le reste du monde.

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 Artiste conceptuel « postmoderne », Georges Adéagbo procède par collectes d’éléments hétéroclites prélevés dans son environnement immédiat ou lors de ses promenades: objets de la vie quotidienne trouvés, vêtements abandonnés,livres, magazines, journaux, disques récupérés mais aussi des masques, des statues et des peintures qu’il commande aux peintres et aux sculpteurs de Ouidah ou Cotonou (Bénin). L’ensemble forme une archive mentale que l’artiste redéploie au sein des différents espaces d’exposition qui lui sont confiés, une archive volontairement dé-hiérarchisante dans laquelle le banal côtoie une culture produite par d’autres artistes, poéte·sse·s et intellectuel·le·s de son siècle. Sur un pied d’égalité, les divers constituants forment ce que l’on pourrait appeler une archéologie du présent, toujours in progress, une histoire poétique de l’humanité telle qu’elle est traversée par la « personne de Georges Adéagbo ».

La première salle de la galerie — 6 rue du Pont de Lodi — s’attache ainsi à mettre en vue différentes « constellations » emblématiques produites en référence à quelques-unes des plus célèbres réalisations de Georges Adéagbo. Une sorte de préambule rétrospectif qui replace ce dernier dans son histoire et celle plus vaste de l’art contemporain de ces trente dernières années. Sous la verrière, l’artiste propose ensuite ce que l’on pourrait intituler les « Surréalismes de Georges Adéagbo », soit une relecture nouvelle de l’histoire d’une modernité largement influencée par les arts d’Afrique. Cette intervention spécifique s’inscrit dans le prolongement de son projet développé à l’occasion du centenaire de la publication du Premier Manifeste surréaliste, dans lequel ce dernier met à l’honneur les formes modernes produites par les artistes occidentaux, en les remettant dans les mains des artisan·e·s du Bénin, avec qui il collabore depuis les années 1990.

Au tournant des années 1920 et 1930, les révolutions artistiques des mouvements d’avant-garde — cubistes puis surréalistes —trouvent dans la statuaire d’Afrique ce « réalisme magique » qui va radicalement transformer l’Histoire de l’art et des représentations. Collectionnés, déviés de leurs rites, les statues et les masques africains s’accumulent alors dans les galeries, les musées ou dans les vitrines des collectionneur·euse·s ; encore chargées par les cérémonies pour lesquelles elles ont été façonnées. Partagés entre l’attrait de l’exotisme et la fascination pour cette invention magistrale des formes, les artistes modernes voient dans la simplification des corps et des visages, un possible renouveau susceptible de nourrir leur imaginaire. Pablo Picasso, Alberto Giacometti, Constantin Brancusi, Francis Picabia, Man Ray et bien d’autres puisent alors dans ce répertoire les bases d’un travail jusque-là inédit dans la création artistique occidentale. Ainsi, à l’heure où les musées sont invités à renvoyer des objets de leurs collections dans leurs pays natal dans un geste ultime de réparation des politiques coloniales passées, Georges Adéagbo propose quant à lui de décentrer notre regard en considérant l’art moderne cette fois depuis l’Afrique.

— Christian Alandete et Emma-Charlotte Gobry-Laurencin, commissaires de l’exposition

Avec la complicité de l’Atlantic Art Space par Marie-Sophie Eiché-Demester et de Stephan Köhler