Figurine

<p>Cette figurine est caractéristique de la manière dont Alberto Giacometti représente une figure féminine : nue, debout, les bras le long du corps ; une position qu’il emprunte à la statuaire de l’Egypte Antique. Pour Giacometti aucun artiste n’a jamais dépassé les artistes de cette période et les œuvres qu’il va réaliser durant la seconde partie de sa carrière vont tenter de faire le lien entre le monde moderne et l’archaïsme. Giacometti veut en effet faire œuvre contemporaine mais aussi échapper à son temps et comme la statuaire égyptienne, que ses sculptures lui survivent bien après sa mort. Genet verra dans les figurines de Giacometti, des vigies à la fois très contemporaines et hors d’âge. Des statues qu’on aurait pu trouver sur un chantier archéologique mais qui sont en même temps complètement de leur temps. Variant les échelles de la plus petite (moins de 2 centimètres) à la plus grande (près de 3 mètres) mais jamais à l’échelle 1, Giacometti tente de rendre compte de la réalité non pas comme elle est et comme les modernes l’ont représenté grâce à la perspective, mais comme il la voit. Ce rapport à la perception qui va l’occuper sans relâche toute sa vie est particulièrement visible dans cette sculpture : l’effet de floue, l’absence de traits distinctifs, sont révélateurs de cette vision à distance qu’il va privilégier. Comme il le dira dans une interview à propos d’une femme qui s’éloigne sur le boulevard Saint Germain : à cette distance elle ne mesurait plus que ça et je ne distinguais plus ses traits. </p> <p>Avec la série des figurines, Giacometti cherche à échapper au naturalisme : si le modèle est nu c’est un nu abstrait et les traits estompés. Les années 1950 sont marquées par des recherches sur la figure humaine et comme il le fera pour les têtes, Giacometti tente d’échapper au particularisme pour parvenir à quelque chose de plus universel, réduire au maximum jusqu’à la limite du reconnaissable sans jamais tombé dans la pure abstraction.</p>