Mennour est heureux de participer à TEFAF New York 2024 avec une sélection d’œuvres de

LEE UFAN · RICHARD SERRA

Lee Ufan et Richard Serra sont nés à trois ans d’écart, Lee Ufan en 1936 en Corée et Richard Serra en Californie en 1939 (certaines sources indiquent 1938 ; Serra est décédé le 26 mars 2024 à Orient, dans l’État de New York). Au-delà de cette proximité générationnelle, il convient de noter d’emblée que leurs parcours respectifs furent, pour ainsi dire, symétriques, et que certains aspects comparables — questions de geste, de matière, de texture, de temps, d’espace et de perception — ont nourri leurs pratiques. Fait significatif, chacun a été marqué par un mélange d’influences orientales et occidentales : à partir des années 1950, Lee Ufan s’est plongé dans la philosophie européenne, puis dans la peinture aux États-Unis, tandis que Serra fut à jamais transformé par un séjour à Kyoto au printemps 1970 et par sa découverte du jardin zen de Taizō-in. Dans les deux cas, leur œuvre se caractérise par une recherche d’une « situation élémentaire ». Une quête de l’épure. De quelque chose relevant de l’essentiel. À l’état brut. « Non filtré », pour reprendre un terme cher à Serra. Une incarnation qui révèle la matière pour ce qu’elle est. Une matière consubstantiellement liée à son façonnage, au spectre chromatique auquel elle est soumise — le noir dans les dessins de Serra — et au geste qui l’accompagne, sans oublier les contraintes du contexte spatial, naturel ou architectural, et de la lumière ambiante. Il appartient alors au spectateur de se confronter à sa densité, de délimiter une morphologie et des propriétés sans cesse modifiées par nos mouvements et les multiples points de vue qui en résultent. Les surfaces peuvent sembler tour à tour mates ou réfléchissantes, lisses ou irrégulières. Elles encouragent la proximité ou la distance. Nous invitent à rester immobiles ou à tourner sur nous-mêmes, à être témoins ou même participants au dialogue entre la pierre et la plaque de métal au sol. Entre le noir et le blanc des dessins sur le mur. En se confrontant l’un à l’autre, Lee Ufan et Richard Serra enrichissent ces dialogues d’une strate supplémentaire, apportant une lumière nouvelle et combative sur les enjeux inhérents à leurs démarches. — Erik Verhagen