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François Morellet
Répartition de 16 formes identiques
10 mars - 3 avr. 2021
Mennour, 28 avenue Matignon

En 1957, François Morellet se lance dans une série de variations, déclinée par le biais de huiles sur bois mesurant 80 sur 80 cm, autour d’un motif en forme de L qu’il intitulera Répartition de 16 formes identiques. Pour certaines de ces peintures, l’artiste optera pour un principe symétrique, aussi lisible que logique, lui permettant de conjuguer les L à travers des permutations de formes égales emboîtées dans une espèce de puzzle soucieux de générer un équilibre entre positions horizontales ou verticales dudit motif. D’autres configurations propres à cette famille de travaux procureront toutefois l’impression, sans doute trompeuse, d’être plus « désorganisées », annonçant en cela les lois du hasard qu’il introduira officiellement en 1958 avec sa Répartition aléatoire de triangles suivant les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone. Cette année, l’artiste conçoit de nouvelles Répartition de 16 formes identiques. Du même format que les variations de 1957 et une fois de plus peinte à l’huile sur bois, l’œuvre présentée ici épouse cependant et à la différence des premières d’entre elles une bichromie noir et blanc privilégiée par Morellet dans nombre de ses répartitions aléatoires de 1958. Le schéma repris est celui de l’une des versions de 1957. Quant à la répartition en question, elle semble, pour s’en tenir à l’organisation des noirs et des blancs, assujettie à des règles établies à l’avance selon un protocole qui accentue le rôle majeur joué par l’artiste dans l’histoire du protoconceptualisme. Impossible en effet de ne pas penser aux différentes séries produites par Sol LeWitt une dizaine d’années plus tard et formant la matrice de multiples wall drawings. Impossible enfin de ne pas établir de lien avec les Ls exposés par Robert Morris à la Green Gallery de New York en 1965 quand bien même le propos et les enjeux de ce dernier s’avèreront sensiblement éloignés de ceux du Français. Il n’en demeure pas moins que ces formes « identiques » auront donné lieu entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1960 à des créations qui marqueront l’histoire pour ne pas dire la préhistoire de l’art minimal, processuel, systématique ou conceptuel.
Les années 1957 et 58 sont à bien des égards déterminantes dans la trajectoire de Morellet. En janvier 57, il rencontre le couple Vera et François Molnar qui vont devenir ses compagnons de route pendant plusieurs décennies. Partageant leur conception d’un art tributaire de méthodes scientifiques et de formules mathématiques, Morellet s’appuiera comme eux sur des systèmes marginalisant la subjectivité, l’arbitraire ou le superflu. C’est grâce à François Molnar qu’il bénéficie en 1958 d’une exposition personnelle, sa deuxième, à la galerie Colette Allendy où seront montrées plusieurs Répartition de 16 formes identiques. Présentation suite à laquelle Morellet publiera un texte où il prône un art « un peu plus clair » et un langage « le plus simple et le moins équivoque possible », reconnaissant par ailleurs sa dette envers Mondrian mais aussi l’Alhambra de Grenade dont les arabesques découvertes en 1952 le marqueront à jamais. « Je me souviens, affirme Morellet dans un entretien avec Christian Besson, qu’en voyant pour la première fois ces arabesques infinies, ces entrelacs et ces positifs-négatifs d’une intelligence stupéfiante, j’ai eu la chair de poule immédiatement. ». Il s’en rappellera six ans après.
— Erik Verhagen

François Morellet
Né en 1916 à Cholet, France
Mort en 2016 à Cholet, France



















































































