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Huang Yong Ping
10 mai - 18 juin 2016
Mennour, 47 rue Saint-André-des-Arts

Kamel Mennour est heureux de présenter une exposition de l’artiste d’origine chinoise Huang Yong Ping. Au 28 avenue Matignon – nouvel espace de la galerie – et au 47 rue Saint-André des Arts, l’artiste dévoile les maquettes, les esquisses préparatoires et les œuvres satellites de son projet Empires conçu pour Monumenta 2016 au Grand Palais.
Ce dernier est selon Jean de Loisy, commissaire de l’exposition, « un paysage symbolique du monde économique d’aujourd’hui. » À l’échelle d’un paysage, il est structuré par 305 conteneurs métalliques provenant du monde entier, et un portique de levage de 29 mètres de hauteur, qui nous projettent dans le décor d’un port de commerce d’aujourd’hui. Sur ces « îlots » de containers glisse un immense squelette de serpent de 254 mètres de longueur, qui surplombe le visiteur et nous guide vers l’objet de sa convoitise : une copie démesurée du bicorne de Napoléon, emblème de l’idée de pouvoir. Huang Yong Ping déploie dans la nef un théâtre évoquant « la modification du monde, les métamorphoses des puissances politiques et économiques, l’ascension des nouvelles régions géographiques » (Jean de Loisy).
Pour chacune de ses grandes interventions, l’artiste réalise un ensemble de maquettes à échelles réduites, qui rendent compte du processus de création toujours étroitement lié au contexte d’exposition. Nourri de l’architecture exceptionnelle du Grand Palais, Empires a ainsi donné lieu à plusieurs maquettes : 1/100e, 1/20e, 1/50e. Véritables outils de travail, celles-ci dévoilent les étapes d’une entreprise herculéenne, qui s’est précisée au fil des allers-retours entre la pensée créatrice et les défis techniques soulevés par un chantier d’une telle envergure : contraintes architecturales, matérielles, d’ingénierie, etc.
Dans le nouvel espace de l’avenue Matignon, Huang Yong Ping expose ainsi les prémices : la première maquette au 1/100e, réalisée dès 2014 avec des matériaux simples, cubes de bois pour les containers et fil de fer pour le serpent ; ainsi que deux aquarelles (2015) révélant des points de vue savamment imaginés par l’artiste autour d’une grande allée centrale, surplombée par un bicorne géant.
Le 47 rue Saint-André des Arts abrite quant à lui un ensemble d’œuvres récentes, toutes conçues durant la phase de production d’Empires, ainsi que la maquette à échelle 1/50e. Réalisée en cuivre doré, métal et bois, sur un plateau en Trespa gravé du plan du Grand Palais, cette dernière donne à voir le projet dans son état final, avec sa mosaïque de couleurs et le bicorne de Napoléon – reproduit en scannant en 3D l’original de 1807 porté par l’Empereur à la Bataille d’Eylau et conservé au Musée de l’Armée – posé sur deux piles de containers pour former un arc de triomphe.
Les deux sculptures en aluminium ont, quant à elles, été imaginées par l’artiste au cours de la fabrication du serpent de Monumenta, lors de visites à la fonderie. L’une d’elle, Sans titre (2016) évoque un étrange animal né d’un agencement fortuit de deux parties d’une vertèbre du grand serpent. L’autre, nommée De celui qui mange est sorti ce qui se mange (2016), se compose d’une longue table dans laquelle est encastré un fragment de la mâchoire du serpent du Grand Palais, dont une partie de la dentition fait défaut par accident, et laisse place à un trou béant. Comme souvent, le hasard devient pour Huang Yong Ping le point de départ d’une nouvelle idée. Avec son titre emprunté à une parabole de l’Ancien Testament, l’énigme de Samson : « De celui qui mange est sorti ce qui se mange, et du fort est sorti le doux », l’œuvre évoque le cycle des transformations, celui de la chaîne alimentaire comme celui de la transmission des pouvoirs et du savoir.
Quant aux deux grandes aquarelles, mesurant près de 4 mètres de longueur, présentées en vis-à-vis, ces dernières déploient une série de références autour de deux animaux de prédilection de l’artiste – le cheval et le serpent –, et témoignent de l’ampleur et de la complexité de la pensée mise en œuvre pour Monumenta. Neuf chevaux (2016) met en scène trois couples de chevaux, tenant chacun dans leur gueule des drapeaux, évoquant trois aspects de l’étroite relation entre le cheval et l’homme (scientifique, politique et artistique), et son lien avec la création des empires. Chaque groupe montre à la fois la permanence du cheval dans notre culture, notre dépendance à cet animal et son rôle incontournable dans l’histoire de la civilisation occidentale. Cinq Serpents (2016) montre une grande mue de serpent réalisée au pochoir par l’artiste, entourée de trois dessins – figurant en tout cinq serpents. De gauche à droite, sont d’abord représentés les deux serpents du Laocoon, célèbre groupe sculpté de l’antiquité, illustrant un moment de tension tragique où l’on ne sait qui du serpent ou de l’homme va l’emporter. Vient ensuite la figure de Saint-Michel terrassant le dragon, groupe sculpté conservé au Palais des Papes, lieu dans lequel l’artiste avait présenté au sol un carrelage représentant un grand dragon chinois en jaune et bleu. Le dernier dessin associe un serpent à neuf têtes placé sur le plan du Grand Palais et un chapeau-melon qui le surplombe tenu par une main. Il est ici question du combat entre l’homme et l’animal, que l’on peut voir comme la tension entre la volonté humaine d’ordre, et le chaos naturel – qui l’un et l’autre se bouleversent.
— Axelle Blanc







































































































