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Alicja Kwade
Day Density
18 oct. - 27 nov. 2021
Mennour, 5 rue du Pont de Lodi
Mennour, 6 rue du Pont de Lodi

Zum Raum wird hier die Zeit [1]
— Richard Wagner, Parsifal, Acte I
Temps, espace et le concept de réalité sont des notions indissociablement liées à l’univers de Alicja Kwade et ce depuis qu’elle a amorcé une trajectoire qui se caractérise par l’agencement d’éléments, simples ou se pliant à des dispositifs plus complexes, tantôt disposés au sol, suspendus au plafond, épousant une troisième dimension ou se contentant de se montrer solidaires d’une cimaise. Ces éléments se proposent d’exposer une réalité physique engendrée par un processus de transmutation. Une sorte d’alchimie qui serait cependant débarrassée de toute ambition mystique. Soucieuse d’alimenter un lien avec les choses prosaïques, elle s’évertue à maintenir visible une traçabilité avec les objets ou motifs, souvent de proximité, et avec les matériaux (or, plomb, cuivre etc.) sur lesquels elle a jeté son dévolu.
Temps et espace sont aussi convoqués dans les sculptures de Alicja Kwade qui associent des improbables entonnoirs à des modules géométriques emboîtés. On serait tenté de se risquer à établir une généalogie entre les uns et les autres. Or leur imbrication ne laisse pas transparaître une quelconque antériorité et il est fort probable qu’à l’instar d’une entité symbiotique une croissance commune ait scellé leur devenir. Les entonnoirs en cuivre tracent en tout cas des vecteurs définissant une réalité tridimensionnelle et évoquent bien entendu des instruments susceptibles de générer une musique à travers les vibrations de leurs corps résonnants.
Certaines des variables propres à sa démarche renvoient à des concepts abstraits, à commencer par la théorie des cordes qu’elle cite parmi les références ayant nourri ses sculptures tubulaires. D’autres sont « ordinaires ». Mais elles reflètent systématiquement une qualité poétique, à l’image d’une lampe recouverte d’un tissu, figé dans le bronze, dissimulant sa morphologie. D’un énigmatique « socle du monde ». D’un duo d’équilibristes formé par une ampoule et une pierre animées par une force gravitationnelle et centrifuge. Sans même parler d’une simple horloge à l’aiguille des secondes désynchronisée comme en proie à une étrange force naturelle. Cette qualité prend tout son sens si l’on veut bien se souvenir que le mot poème dans sa traduction allemande, Gedicht, renvoie à la densité (Dichte). Comme la densité du jour.
— Erik Verhagen
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1. L’espace ici naît du temps.

Alicja Kwade
Née en 1979 à Katowice, Pologne
Vit et travaille à Berlin, Allemagne




































































































