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David Hominal
No titre (collection 2021)
23 mai - 27 juin 2020
Mennour, 6 rue du Pont de Lodi

La peinture est un liant dans le travail de David Hominal, un élément physique et plastique qui trace la généalogie d’une œuvre multiforme entre performance, vidéo, danse et objet. La peinture comme matière est au centre de tout et c’est à son exercice répété comme à son potentiel combinatoire que l’artiste s’applique et s’entraîne.
La couleur est le sujet dans cette nouvelle série de travaux No titre (collection 2021). Sur les toiles grand format, sa manipulation permet de dépasser les régimes de lecture qui divisent traditionnellement la figuration et l’abstraction. On touche ici au kitsch comme on touche au tragique en traversant l’histoire de la représentation, de la nature morte au portrait en passant par le paysage. Appliquer la couleur devient le sujet. C’est dans ce contexte que les motifs des fleurs font leur grand retour dans les tableaux de l’artiste comme une boucle scrupuleuse. Ne pas perdre la main. Bien sûr, elles ont leur place dans l’histoire de l’art et elles jouent aussi leur rôle dans sa vie personnelle et quotidienne. Mais il est évidemment impossible de ne pas penser à la portée symbolique du geste auquel elles sont couramment associées. Offrir, rendre hommage, se souvenir, faire plaisir, les fleurs incarnent l’attention, la dévotion, comme elles sont le vecteur d’une mémoire. Elles sont significatives, agissantes, totémiques, flamboyantes et puissantes.
Au sol, des morceaux de bois récupérés et transformés jalonnent l’espace comme des talismans colorés et nous évoquent les pierres sacrées peintes en l’honneur des divinités anciennes. Pourtant, ces totems abandonnés sont ici presque des reliquats qui servent à l’artiste de surface d’entraînement. Appliquer la couleur devient le sujet. Revendiquant leurs tons flashy qui rappellent certaines gammes de vernis à ongles, ils contiennent dans un même espace actualité et tradition, culte ancestral et usages modernes, brouillant les niveaux de culture et les habitudes de consommation. Échoués, ils nous rappellent quelque chose entre le Land Art et le phénomène naturel, entre le geste et le non geste, entre le faire et le laisser faire. Le tout dans le moins possible de mise en scène.
C’est la grande histoire de la peinture finalement que David Hominal adore sans pour autant la sacraliser. Son travail témoigne d’une extraordinaire révérence à l’art dont il extrait quelques archétypes universels qui nous font du bien, nous réconfortent, mais ne se figent jamais. Des références qu’il cite, tord, manipule et défie. S’hypnotise et surtout rit beaucoup avec.
— Elisa Rigoulet

David Hominal
Né en 1976 en France
Vit et travaille à Berlin, Allemagne





























































































