Daniel Buren

Du cercle aux carrés, hauts-reliefs situés et in situ

16 oct. - 20 déc. 2025

Mennour, 47 rue Saint-André-des-Arts

Daniel Buren, Photos-souvenirs : « Du cercle aux carrés, hauts-reliefs situés et in situ », Mennour (47 rue Saint-André-des-Arts, Paris), 2025. Détails. © DB-Adagp, Paris, 2025. Photo. Archives Mennour. Courtesy the artist and Mennour, Paris.

Daniel Buren, Photos-souvenirs : « Du cercle aux carrés, hauts-reliefs situés et in situ », Mennour (47 rue Saint-André-des-Arts, Paris), 2025. Détails. © DB-Adagp, Paris, 2025. Photo. Archives Mennour. Courtesy the artist and Mennour, Paris.

Since his first personal exhibition at Mennour in 2007, which inaugurated the space at  47 rue Saint-André-des-Arts, Daniel Buren’s work has been the subject of solo shows in all four of the gallery’s spaces in Paris, and in art fairs throughout the world, including “C’était, c’est, ce sera, travaux situés”, “Quand les carrés font des cercles et des triangles : hauts-reliefs situés”, “Au fur et à mesure, travaux in situ et situés”, “Pyramidal, hauts-reliefs, travaux in situ et situés”, and “Plis contre plan, hauts-reliefs, travaux situés”. Like many of his other artworks, those exhibited here play with the presence of the viewer and initiate a rich dialogue with the site. Since the late 1960s, Daniel Buren has refused any system that would subordinate his works to a single point of view. Beginning with the principle that space, is in fact the ground, ‘the frame, [the] actual support in which the work inscribes—and constructs—itself’, [1] he reaffirms here that his productions ‘are not objects, but rather modulations of the space; they never exist for themselves alone’; [2] instead they are part of the place they appear in, both highlighting it and revealing it.

Intitulée « Du cercle aux carrés, hauts-reliefs situés et in situ », l’exposition de Daniel Buren chez Mennour repose sur une combinaison à la fois géométrique et colorée, générant un plaisir immédiat sur un plan perceptif tout autant que cognitif.

 

Depuis sa première monographie en 2007 qui inaugurait le 47 rue Saint-André-des-Arts, Daniel Buren a multiplié les expositions personnelles au sein des quatre espaces parisiens de la galerie et dans les foires du monde entier, parmi elles : « C’était, c’est, ce sera, travaux situés », « Quand les carrés font des cercles et des triangles : hauts-reliefs situés », « Au fur et à mesure, travaux in situ et situés », « Pyramidal, hauts-reliefs, travaux in situ et situés », « Plis contre plan, hauts-reliefs, travaux situés », etc.  À l’instar de plusieurs autres de ses travaux, les œuvres exposées jouent avec la présence du visiteur et initient un dialogue riche avec le site. Refusant en effet depuis la fin de années 1960 tout système qui subordonnerait ses œuvres à un point de vue unique et partant du principe que le lieu, quel qu’il soit, est en fait le fond, « le cadre, [le] support réel où s’inscrit — se compose — l’œuvre [1]», Daniel Buren réaffirme ici que ses productions « ne sont pas des objets, mais des modulations de l’espace ; qu’elles n’existent jamais pour elles-mêmes [2] », mais s’inscrivent dans leur lieu d’apparition, qu’elles soulignent et révèlent.

 

Composé de hauts et bas-reliefs, ce nouvel ensemble conjugue l’ingrédient miroir, la couleur — les différentes nuances utilisées sont choisies au hasard dans une gamme industrielle —, et l’outil visuel de l’artiste, soit des bandes verticales, alternativement blanches et colorées, de 8,7 cm — un outil qui a comme première qualité « d’être un signe invariable au milieu de millions de choses possibles qui n’arrêtent pas de varier [3] ». Entre plan et relief, peinture et sculpture, les œuvres situées appartenant à la série Du cercle aux carrés relèvent d’un agencement chaque fois singulier de solides aux couleurs vives, répartis en damier, en lignes, ou en croix sur une grille imaginaire faite de carrés de même taille, sur un plan circulaire en miroir. Les bandes sont apposées sur le côté des prismes, et se voient dédoublées. 

 

Ce dédoublement est également à l’œuvre dans les travaux in situ, en hauts et bas-reliefs, imaginés dans et pour la dernière salle, qui, munie de velux zénithaux, est baignée d’une lumière naturelle changeante tout au long de la journée. Pour souligner ou redoubler cette variation constante, l’artiste installe d’un côté une suite d’œuvres affichant un angle aigu, qu’il titre d’une façon relativement énigmatique : Une fois j’te vois, une fois non, travail in situ, en superposant les mêmes prismes jusqu’à atteindre la hauteur voulue ; et sur le mur opposé, une série de parallélépipèdes, en trois dimensions, produits en aluminium-Dibond de 2-3 millimètres d’épaisseur, matériau qu’il utilise depuis son invention. Bien qu’aucune transformation physique de l’architecture ne soit opérée ici, Daniel Buren élabore un puissant jeu poétique et sensible, qui s’active au gré des déplacements du public, et renouvelle indéfiniment les perspectives et les points de vue par le truchement de la réflexion des surfaces. Comme en mouvement, les œuvres se transforment ainsi continuellement, absorbant en leur sein tout autant l’espace environnant que le corps des visiteurs. 

 

— Emma-Charlotte Gobry-Laurencin

This doubling is also at play in the in situ works in high and low relief that have been conceived in and for the last room. The room’s skylights bathe it in natural light that changes over the course of the day. In order to highlight or double this constant variation, Daniel Buren has installed on one side of the room a series of sharp-angled works that he has given the relatively enigmatic title Une fois j’te vois, une fois non, travail in situ [Now I See You Now I Don’t]. For this in situ work, the same prisms have been placed on top of one another until reaching the desired height. On the facing wall is a series of three-dimensional parallelepipeds in 2–3-mm-thick Dibond aluminum, a material that Daniel Buren has been using since it was invented. 

Even though he doesn’t physically alter the architecture here, Daniel Buren constructs a powerfully poetic and sensory movement that is produced as the viewer moves around the space, with the reflective surfaces engendering an endlessly renewing series of perspectives and points of view. The works are thus constantly transforming, drawing into themselves both the surrounding space and the viewers’ bodies.

 

[1]   Daniel Buren, « Fonction du musée » (1970), in Les Écrits 1965–2012, Volume 1, 1965–1995 (Paris: Flammarion/Cnap, 2013), p. 160

[2]    Daniel Buren, « Vous êtes en face d’un récepteur... » (1975), ibid., p. 416. 

[3]    Daniel Buren, « Échanges avec Dominique Petitgand et Guillaume Désanges » (2006), in Les Écrits, Volume 2, 1996–2012, p. 1103

 

 

Images : Daniel Buren, Photos-souvenirs : « Du cercle aux carrés, hauts-reliefs situés et in situ », Mennour (47 rue Saint-André-des-Arts, Paris), 2025. Détails. © DB-Adagp, Paris, 2025. Photo. Archives Mennour. Courtesy the artist and Mennour, Paris.