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François Morellet
Cholet - New York
Curated by Béatrice Gross
27 avr. - 16 juin 2017
Mennour, 47 rue Saint-André-des-Arts

Kamel Mennour est heureux de présenter une exposition-hommage à François Morellet (1926-2016) mettant l’un des artistes historiques phare de la galerie en dialogue avec quatre figures américaines majeures de l’art minimal et conceptuel.
Un axe de l’abstraction géométrique d’après-guerre méconnu, quand pas tout à fait insoupçonné, voire improbable, « Cholet-New York » pourrait passer pour une nouvelle espièglerie de Morellet, ce « rigoureux rigolard », selon l’expression de Mo Gourmelon, « fils monstrueux de Mondrian et Picabia », pour citer l’artiste autodidacte lui-même. François Morellet reste très attaché à sa ville natale. Quoi qu’un grand voyageur et visiteur fréquent de capitales artistiques, il réside principalement à Cholet, ce qui empêche un temps, ou du moins ralentit, la diffusion de son œuvre sur la scène mondiale. Ou bien c’est à son indéfectible goût pour la frivolité et la dérision que le plus dadaïste des conceptuels français doit d’être d’abord gardé relativement à l’écart de l’histoire officielle de l’art des années 1950 et 1960.
Pourtant très tôt Morellet adopte des attitudes similaires à celles de Kelly (1923-2015) et Sandback (1943-2003), avec lesquels il se lie d’amitié, ou encore à celles de LeWitt (1928-2007) et Stella (né en 1936), qui à l’orée de leurs carrières ont connaissance d’au moins quelques uns des travaux du français. Avec ces précurseurs issus d’un New York devenu l’épicentre de l’art occidental, supplantant désormais Paris, le Choletais partage une volonté de systématicité, de neutralité et d’économie formelle, ainsi qu’une prédilection pour la sérialité, le all-over et l’anti-composition.
Inversement, les échos et échanges qui unissent Cholet à New York se sont nourris chez François Morellet de multiples sources dont il rappelle volontiers les origines variées : la Suisse (via le Brésil) de l’art concret, la Russie du suprématisme, mais aussi l’Espagne de la tradition décorative arabo-musulmane, l’Océanie des tapas aborigènes, l’Allemagne et son baroque tardif, etc. L’artiste précise d’ailleurs que n’ayant pas fréquenté d’école d’art, son éducation s’est faite « d’amours en amours » et sa peinture « d’influences en influences. »
Plus troublant encore, Morellet semble même parfois anticiper des explorations communément attribuées à des créateurs d’Outre-Atlantique. Des analogies frappantes entre certaines réalisations de ses débuts (telles Du jaune au violet, 1956, ou son corpus de trames de lignes droites entamé la même décennie) et les lignes et carrés concentriques, monochromatiques ou en déclinaisons de couleurs, de Frank Stella d’une part, ou les séries de grilles dites ACG (Arcs, Circles & Grids) de Sol LeWitt d’autre part, interrogent, posant la délicate question d’une éventuelle antériorité de Morellet. Ne faudrait-il pas plutôt voir dans ces similitudes, certes déroutantes, un phénomène de pseudo-morphisme, comme le rappelle Yve-Alain Bois, où aussi ressemblantes soient-elles, les démarches de chacun conservent leur singularité propre? Enfin, au-delà de polémiques anciennes autour d’une prétendue fracture transatlantique, il ne fait nul doute aujourd’hui que François Morellet mérite toute sa place de pionnier parmi les pionniers.

François Morellet
Né en 1916 à Cholet, France
Mort en 2016 à Cholet, France




















































































































