Bertrand Lavier

Baft 2, 2010

21 avr. - 15 mai 2021

Mennour, 28 avenue Matignon

« Baft donne une autre vision de la peinture en tubes. » 

— Bertrand Lavier

Séduisante comme une enseigne lumineuse des nuits new‐yorkaises, cette œuvre propose une réflexion savante sur l'histoire de l'art contemporain. Mi‐peinture, mi‐sculpture, elle fait partie d’un chantier inauguré en 2003 dans lequel Bertrand Lavier reprend à son compte les lignes colorées des Shaped Canvas de Frank Stella – toiles découpées dont les contours coïncident avec la limite extérieure de leur motif interne –, pour les rejouer en néons en référence à Dan Flavin, artiste américain connu pour ses installations spectaculaires utilisant des tubes fluorescents industriels.

Lavier s’inspire d'un groupe particulier d'œuvres de Stella datant de la première moitié des années 1960, rassemblées sous le nom de Persian Paintings (le titre Baft, comme ceux des autres pièces de la série, reprend le nom d'une ville iranienne). Ces toiles ont pour spécificité d’avoir été produites avec une peinture fluorescente. Lavier remplace ici l’illusion surprenante de lumière émanant des couleurs fluos par la lumière réelle des néons, renforçant ainsi l’impression de relief qui se dégage des œuvres. Avec cette hybridation entre peinture et sculpture, il pousse à son terme la logique du « what you see is what you see » [« ce que vous voyez est ce que vous voyez »], la peinture fluorescente tout comme le néon allant à l’encontre du critère de littéralité du tableau prôné par le minimalisme américain.